Chloé Weber - Maître de Chai


Chloé Weber « J’aime bien dire que le Jura est beau, parfois très dur, et qu’il se mérite »

D’où venez-vous ?


Je suis Alsacienne et pas du tout issu du milieu viticole ! J’ai même grandi en Afrique jusqu’à mes dix ans, mes parents y étaient expatriés. 

Dans votre enfance, quel était votre rapport au vin ?


Le vin a toujours été dans les discussions et sur nos tables, aux côtés de bons mets. On a souvent bien festoyé dans ma famille, peu importe l’endroit et l’occasion.

Il faut l’avouer, en République du Congo, ce n’est pas vraiment dans la culture locale, mais du vin on en trouvait grâce à l’importation, parfois même du bon. J’étais un peu jeune à l’époque, alors même dilué dans le fond de mon verre Duralex, je n’étais pas encore passionnée ; avec ma sœur on sirotait plutôt du Cola dans la bouteille en verre consignée, pieds nus au bord de la piste en terre, sous le climat tropical de Pointe-Noire !

Comment en êtes-vous venu au monde viticole ?


Sortie du Bac, j’étais scientifique, je voulais faire de l’énergie renouvelable, j’aimais l’expérimentation, la R&D et les bonnes choses. Nous avions grandi en respectant nos ressources et nous avions vécu la pénurie.

Je m’oriente vers un DUT en Génie Biologique. Une formation très riche qui balaie tous les secteurs de l’industrie agroalimentaire et animée par des professionnels. Nous avons ausculté les procédés fermentaires sous toutes leurs coutures et donc l’Œnologie. L’intervenante était une personne fascinante, tout vient de là. Je lui ai demandé comment faire pour être comme elle : elle m’a alors dit qu’il fallait faire un DNO (Diplôme National d’Œnologie). J’ai fait mon stage de validation de diplôme du DUT dans une Cave en Alsace pour m’assurer que je m’orientais vers le bon projet de carrière. Sortie de là, j’en étais convaincue, mais il me fallait un Bac + 3 pour accéder au DNO, j’ai donc fait une Licence Biologie biochimie terre et environnement à Reims, pour commencer à préparer ma place dans la région… 

Avez-vous eu des expériences à l’étranger ?


Le diplôme en poche, je décide de voir le nouveau monde du vin, voyager un peu. Californie, Nouvelle-Zélande…C’est dans mes veines. J’ai pas mal baroudé toute seule, j’en ai profité pour « parfaire » mon anglais technique, bosser sur le terrain, j’ai vu des choses faites dans les règles de l’art, d’autres moins. Je me suis dit qu’on était bien ailleurs, mais qu’ici, on est privilégié. Que ce soit par le système mais aussi par la douceur de vie, l’épicurisme à la Française. On mange bien et on boit bien. Il y a un vrai savoir-faire, des traditions, des passionnés, des amoureux. Mais il faut faire attention à ne pas demeurer sur nos acquis. De retour en France, j’ai grandis tout de suite. J’ai travaillé aux côtés d’hommes qui m’ont poussé à choisir le challenge. Ces Maîtres Jedi ont cru en moi et m’ont offert très tôt de hautes opportunités.

Pourquoi poser vos bagages en terres jurassiennes ?


Je suis tombée amoureuse du Jura, littéralement. De sa face mystérieuse, unique mais variée. Il n’y a pas d’ennuis dans le Jura.  

J’aime bien dire que le Jura est beau, parfois très dur et qu’il se mérite. Il n’y a que les Vrais qui peuvent comprendre ça, ceux qui s’y aventurent et qui écoutent le vin, enfin son histoire.

J’avais un pied dans la démarche locale, raisonnée, bio d’un point de vue personnel. Puis j’ai mis l’autre au travers de mon métier. Je suis aujourd’hui satisfaite que les deux soient en accord pour avancer dans ce sens, avec le Domaine Rolet. L’innovation dans le respect des traditions et de l’héritage laissé par la Famille Rolet, un travail de qualité, précis et rigoureux.

Quels sont les enjeux à venir pour le Domaine Rolet ?


La phase de Conversion au bio, toute récente, nous permet de sortir un peu des sentiers battus, nous permettant de rêver à de nouvelles cuvées : il n’y a pas d’historique ce qui laisse cours pleinement à notre imagination. Nous allons également affirmer notre travail sur les sélections parcellaires, les itinéraires techniques, la préparation des vins à la mise, le choix des contenants de vinification ou d’élevage… L’arrivée de Bio en cave nous conduit aussi à une réflexion plus logistique : repenser le dimensionnement de notre cuverie, nos équipements, limiter davantage les intrants et actions. Nous cherchons à replacer l’Homme au centre de la culture tout en laissant au vin la chance de s’exprimer. Cela passe par une remise en question et se traduit par un changement des habitudes du quotidien. L’idée reste d’élaborer des vins sur le fruit, précis et gourmands. De manière générale, vinifier au Domaine Rolet, c’est un travail à la parcelle, avec des raisins en propre, un outil adapté et fonctionnel, des cavistes qui opèrent avec précision, rigueur, fiabilité et qui aiment leur métier. La Famille Rolet a su transmettre à l’équipe la passion et le sens d’un travail bien fait. Le Domaine Rolet, dans sa globalité, c’est une équipe jeune et dynamique, ce sont des gens moteurs qui aiment ce qu’ils font et leur entreprise, porteuse d’un héritage.